Si vous suivez un peu les réseaux sociaux spécialisés, vous avez sûrement vu passer ce one-shot édité par Mangetsu. Bibliomania, du duo Orval (scénario) / Macchiro (dessin), s’inspire du très célèbre Alice aux pays des merveilles de Lewis Caroll. Et encore une fois, le travail de Mangetsu sur cette édition est juste sublime !
Alice se réveille dans la chambre 431 d’un étrange manoir, dont le majordome revêt les allures d’un mystérieux serpent. Malgré les tentatives de dissuasion de son hôte, elle décide d’en franchir le seuil afin de remonter, chambre après chambre, jusqu’à la porte 000, celle qui lui permettra de rejoindre le monde extérieur. Mais ce sésame aura un prix et chaque nouvelle chambre la plongera toujours plus profondément dans les méandres de l’âme humaine…
Avant de plonger dans cet OVNI, parlons de l’objet en lui-même. On peut dire que l’on est habitué au travail fourni par Mangetsu pour certains de ses ouvrages (coucou les Junji Ito entre autres…). Mais là, je trouve que l’on passe un stade ! Pour commencer, il n’y a pas de jaquette, juste un bandeau. Mais pourquoi cacher un tel écrin ? Pas besoin de jaquette !
Nous sommes dans une réécriture d’Alice aux Pays des Merveilles et nous sommes donc avec Alice qui se réveille dans un drôle d’endroit… Elle est dans la chambre 431 d’un manoir et elle est accueilli par un majordome ressemblant à un reptile. Ok. Très bien. Elle n’a qu’une envie, sortir de là mais son hôte tente par tous les moyens de la dissuader et que de toute façon, pour rejoindre l’extérieur, il va falloir atteindre la porte 000. Donc se coltiner toutes les portes. Et plus elle avancera, pire ça sera… Programme réjouissant ! Mais elle pourrait aussi rester et voir ses vœux s’exaucer. D’ailleurs, est-elle si innocente qu’elle en a l’air ? Et pourquoi au fil de la lecture, les chambres se transforment en pages ?
Et nous, on plonge dès le départ avec elle. Alice avance, remonte tout en croisant des personnes en souffrance, issues d’une société et surtout de codes sociétaux qui les écrasent : la peur de vieillir, échouer à avoir une vie parfaite et tous les éléments qui font la laideur du monde dans lequel on se trouve. Et nous voilà embourbés avec elle ! On ne comprend pas toujours tout ce que l’on voit, en même temps, si on se réfère à l’original de Lewis Carroll hein, c’est quand même bien souvent tarabiscoté. Mais impossible d’arrêter la lecture, on coule avec elle dans les méandres de la psyché humaine. Et ça fait un peu peur quand même ! Graphiquement, c’est très beau, ça colle parfaitement à l’histoire. Les dessins sont soignés et l’ensemble garde un côté mystérieux avec cette édition aussi belle qu’elle effraie !