J’ai découvert la plume d’Allison Saft avec La Chasseuse et l’Alchimiste et j’ai de suite accroché. Il y a une certaine douceur dans sa façon d’écrire, on a l’impression d’être hors du temps, je n’arrive pas à l’expliquer. J’attendais avec beaucoup d’impatience A l’Ombre des Eaux Troubles qui s’inscrit ici comme un roman adulte, avec une romance saphique rivals to lovers, une ambiance dark academia le tout dans un univers peuplé de créatures fantastiques. De toute façon, mon amour pour l’autrice m’aurait suffit à me jeter dans cette lecture !
Au royaume du Brunnestaad, pays d’eaux profondes hantées par d’étranges créatures, Lorelei Kaskel, issue d’une communauté marginalisée, cherche à s’émanciper grâce à ses études de folkloriste. Lorsque le roi ordonne une expédition afin de découvrir la légendaire source de toute magie, elle y voit la chance de faire ses preuves et de réaliser son rêve le plus fou : devenir naturaliste, libre de voyager dans les contrées qu’elle ne connaît que par les livres. Elle part donc en compagnie de cinq autres étudiants, autant de nobles arrogants qui lui vouent un mépris teinté de méfiance. Mais à peine le voyage commencé, se produit un crime politique dont l’auteur se cache parmi les passagers. Pire encore, Lorelei est contrainte de faire équipe avec la personne qui l’insupporte le plus au monde : sa brillante et trop belle rivale, Sylvia von Wolff, pour laquelle elle éprouve une haine aussi vive qu’ambiguë. Lorelei doit trouver la source avant que l’assassin frappe encore – et entraîne un possible coup d’État. Or, bien d’autres dangers guettent : des forêts qui changent la nuit, des dragons qui sommeillent sous les fleuves… et en enquêtant sur le meurtre, Lorelei et Sylvia découvrent d’impossibles secrets. Des secrets qui amènent Lorelei à se demander si le royaume mérite d’être sauvé…
Avant de commencer, petite parenthèse sur la beauté du livre ! Une fois de plus, Bragelonne nous offre un livre-objet de toute beauté, avec un magnifique jaspage et des pages de gardes illustrées juste sublime ! Les deux précédents romans de l’autrice, sortie chez BigBang Editions étaient déjà incroyablement beaux. A l’Ombre des Eaux Troubles n’a pas à rougir !
Voilà et maintenant, passons à la lecture ! Avec le beau résumé auquel on a le droit, je vais aller directement dans le vif du sujet. Et encore une fois, je suis tombée dans ce livre sans vouloir en ressortir, sans pouvoir le lâcher. Je ne sais pas par où commencer tellement j’ai envie d’en dire mais en même temps, pas envie de spoil quoique ce soit !

Nous voilà donc avec deux jeunes femmes qui se retrouvent dans la même expédition et elles ne s’apprécient pas des masses. Mais on est sur une rivals to lovers des plus délicieuse, sur fond de dark academia et ça, j’ai adoré ! Elles se détestent autant qu’elles sont attirées l’une vers l’autre. Par moment, j’avais envie de les secouer et de leur dire « mais parlez vous franchement !! ». Et cela fait du bien de lire une romance lesbienne bien écrite, sans clichés. Bien évidemment, il n’y a pas que la romance dans l’histoire ! Il y a aussi une enquête dans un monde peuplé de créatures aussi fantastiques que dangereuses. D’ailleurs, parlons-en mais cet univers !! L’autrice nous plonge dedans, on sent que tout a été travaillé et on a l’impression de s’enfoncer dans ces eaux troubles, de les ressentir, bref, d’être dans le roman. L’ambiance est tellement immersive et bien rendue. Le folklore est fou et tellement bien utilisé que ce soit la magie, les créatures, les lieux…
J’ai lu certaines critiques qui relevaient l’intrigue inexistante. Je ne suis pas vraiment de cet avis, même si l’on sait que le ressenti d’un livre, c’est très subjectif. Mais étant amoureuse de la plume de l’autrice, elle a son style, c’est parfois lent, on passe beaucoup de temps avec les jeunes femmes et le voyage mais à aucun moment je n’ai trouvé ça long ou ennuyant. On sait que parfois, l’intrigue peut se retrouver un poil en retrait. Mais j’ai trouvé l’enquête prenante et captivante.



Au-delà de tout ça, des sujets assez graves sont abordés. Lorelei est issu d’une population opprimée, les Yevanis, qui vivent dans des ghettos, parqués. Le roi les tolère à peine et le peuple estime qu’ils sont responsables de tous les maux. Ça rappelle des choses… L’autrice écrit avec justesse la violence et l’intolérance tout en transmettant de beaux messages pour contrer cette noirceur.

Et parlons de sa plume mais pardon ! C’est sublime ! C’est tellement bien écrit, c’est poétique, c’est onirique, c’est soutenu sans jamais être imbuvable. Son style est vraiment unique et elle arrive à transmettre des émotions tellement fortes. Car c’est souvent ça qui est au cœur des livres d’Allison Saft : les émotions, plus que le reste. Et cet opus est un énorme coup de cœur, j’aimerais l’oublier pour pouvoir le redécouvrir.

Bonjour,
Je suis la traductrice du roman. Votre avis reflète à merveille ce qui m’a plu en travaillant sur ce texte d’Allison Saft pour lui donner vie en français : le côté sombre et contemplatif, la richesse du folklore germanique, la romance bien dosée. Je suis contente que le voyage ait été réussi pour vous !