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Point de résumé de l’histoire, vous verrez bien. Mais pour cela, il faut se rendre au cinéma, le seul endroit où voir confortablement ce film.
Film d’auteur et d’esthète, Nicolas Winding Refn l’a conçu pour être apprécié en salle et je vous recommande chaudement d’en profiter tant qu’il est encore projeté. Évidemment, ce n’est pas un chef d’œuvre. Évidemment ses choix esthétiques, scénaristiques, musicaux peuvent déplaire à plus d’un.
Mais Drive est un film comme on n’en fait plus souvent. Une photographie dépouillée, en lumière réelle, qui donne une couleur particulière à cet OVNI cinématographique. Ici pas de nuit américaine (simulée en studio) où les décors sont arrosés pas des centaines de kilowatts de projecteurs noyés dans la fumée artificielle. Non, l’image est tranchante et nous vous recommandons un écran digne de ce nom pour l’apprécier.
L’interprétation est maîtrisée et fine. Certes les dialogues sont limités, mais c’est un défi encore plus grand pour l’acteur d’habiter la pellicule quand on n’a que sa seule présence pour briller : ce que fait Ryan Gosling, bien servi par Bryan Cranston et Carey Mulligan.
La musique est dans l’air du temps, mais les vrombissements des moteurs sont intemporels et splendides. Un son d’une musicalité très forte, rythmée par le suspens et le montage brillant.
Les emprunts et hommages au cinéma sont nombreux. J’ai pensé au Lost Highway de Lynch, à Bullit.
La composition des cadres est sublime. Les amateurs de photographie et de peinture vont s’en mettre plein les mirettes. Certains plans rappellent la lumière et la solitude qui émanent des toiles d’Edward Hopper.
La violence brute est désacralisée. Elle est rebutante, écœurante et d’autant plus forte qu’elle n’est donc plus gratuite mais plutôt le symbole de la noirceur de l’homme.
Ce film n’est pas un chef d’œuvre, juste un film à voir d’urgence en salle.
