C’est à l’occasion du passage de la caravane des éditions Kurokawa à Nice au Dojo by Alfa BD que nous avons pu rencontrer son directeur, Grégoire Hellot.
Pour l’anecdote, Greg et moi fûmes collègues de travail à la fin des années 1990 lorsque j’avais rejoint la rédaction du magazine Joypad en qualité de testeuse / journaliste. Nos trajectoires se sont séparées en 2003 lorsque le magazine fut racheté et peu à peu dénaturé avant de disparaître totalement.
Entre temps, Greg fut contacté par la société Univers Poche afin de développer leur collection de mangas. Imaginait-il alors que, vingt ans plus tard, le manga serait le livre le plus vendu en France ?
50 millions de mangas vendus en France en 2021
Depuis 2018, les chiffres de vente des mangas affolent les compteurs. Le Covid est passé par là et, encore aujourd’hui, le manga est le livre le plus vendu en France toutes catégories confondues (en 2e position, on trouve les livres de guides touristiques) tandis que les autres catégories de livres baissent, le manga fait de la résistance.
« Pendant le Covid, on trouvait des mangas dans les rayons des supermarchés, grâce à Pokémon qui est très représenté en supermarché. La première explosion manga du confinement c’est les mangas Pokémon et les Naruto à 3 euros. Derrière, il y avait des personnes qui avaient un peu lâché le manga, qui ont épuisé leur catalogue Netflix, se sont mis à regarder des animés et qui ont découvert de nouvelles séries », explique Greg.
Très demandé, le manga devient une valeur refuge pendant le Covid en offrant un voyage pas cher hors de notre quotidien anxiogène de cette époque. « 6 ou 7 euros ce n’est pas cher pour 200 pages, et les parents préfèrent acheter un manga parce que c’est un livre. Et du coup du temps passé sur un manga, c’est du temps que tu ne passes pas devant un écran », ajoute Greg qui d’ailleurs nous conseille d’acheter avant la fin de l’année les mangas qui nous manquent et qui sont parus car les prix vont augmenter (merci l’inflation, l’augmentation du prix du papier, du prix de l’électricité chez les imprimeurs).
Quant aux ventes numériques, elles ont augmenté en France, mais restent basses comparativement au Japon où elles représentent 20 à 30% des ventes de mangas. « En France, il y a un sentiment de gratuité par rapport au numérique. Le profil type des acheteurs en numérique, ce sont des trentenaires qui ont un boulot prenant, n’ont pas le temps ou n’ont plus de place pour stocker », ajoute Greg.
Pourquoi le manga cartonne aujourd’hui ?
L’une des raisons mise en avant par le directeur des éditions Kurokawa, c’est que le manga n’a plus de prédateurs : « L’exemple que je prends toujours c’est le rock’n roll, considéré en 1950 comme la musique de satan alors que, lorsque Johnny Hallyday meurt, on a droit à un défilé sur les Champs Elysées. Les mœurs évoluent, et le manga c’est pareil. Aujourd’hui, le manga n’a plus d’ennemis naturels parce que les gens qui évoluent à des postes à haute responsabilité, rédacteurs en chef des revues, des médias, à la radio, les gens qui font l’opinion et qui ont aujourd’hui 50 ans, l’âge des gens qui ont découvert Goldorak en 1978. Pour ces gens-là, le divertissement japonais n’est pas un ennemi, il n’est pas dangereux, il n’est pas débile. »
En 2022, le manga fait partie de la vie de tous les jours et chez Kurokawa, les stars des ventes sont Full Metal Alchemist, One Punch Man et le dernier de la famille des shônen : Spy X Family.
Kuro Fan Tour
La team Kurokawa se déplace dans toute la France pour vous proposer des animations, des goodies, des live sur Twitch. Samedi 19 novembre, ils étaient à la librairie Alfa BD – le Dojo à Nice avec des invités autour de Caroline Ségarra et Flavien Appavou. Pour connaître leurs prochaines dates, on vous conseille de vous abonner à leur compte instagram, TikTok @editionskurokawa, chaîne Twitch #KuroLive, leur Twitter @Kurokawa ou à leur chaîne Youtube : (15) Kurokawa – YouTube
Vous pouvez retrouver ici le replay du live du Kuro Tour à Nice :