Les éditions Delcourt viennent de sortir (assez rapidement) l’adaptation de ce nouveau tome des aventures des Gentlemen d’Alan Moore.
Pour rappel : La Ligue est une série de comics en deux cycles. Le premier, qui rassemble de célèbres gentlemen de l’imaginaire (Alan Quatermain l’aventurier, le capitaine Nemo et son Nautilus, Mina, la fiancée de Dracula, l’homme invisible et Hyde) et qui se déroule dans l’Angleterre victorienne est un véritable chef d’oeuvre.
Normal me direz-vous, ce comic book est sorti de l’imagination folle du génial Alan Moore (Wathmen, V pour Vendetta, From Hell) et il est illustré par les dessins steampunk et colorés de Kevin O’Neill. [Attention : il paraîtrait qu’un film ait été adapté de la série. Aux dernières nouvelles, Alan Moore n’en sait rien, il n’a rien cautionné et entre nous… arrêtez d’adapter des comics, surtout si c’est pour faire des films pareils.]
Sauf que pour le second cycle, Century, et 1969, le tome qui nous intéresse aujourd’hui, ce sont toujours les mêmes, Moore et O’Neill, qui sont aux manettes et que cela n’a plus grand chose à voir avec la Ligue d’origine.
Après les aventures victoriennes, celles de 1910, nous voilà propulsés dans le swinging London de 1969. Les membres de la ligue ont changé évidemment, mais le principe reste le même, mener l’enquête : la mort suspecte d’un célèbre musicien, le retour d’un nécromancien… Tout semble lier si ce n’est que l’équipe va devoir tomber la chemise et tester du psychotrope pour en être sûre.
Si j’ai beaucoup apprécié la lecture de ce tome, je crains qu’il ne fasse pas l’unanimité. Le parti pris d’Alan Moore de développer son univers uchronique de façon si extravagante risque de déplaire. Pour beaucoup, l’univers steampunk des premiers volumes était parfait, celui psychédélique et barré de 1969 est très (voire trop) différent. D’autant que, comme on l’a dit, les gentlemen, depuis 1910, ne sont évidemment plus tous les mêmes et je dois avouer que j’avais un faible pour Hyde, Nemo et l’homme invisible.
L’histoire foutraque est un mélange sexué, lovecraftien et sous acide entre une enquête poussive dans un Londres alternatif et les délires psychédéliques d’un groupe de rock. D’ailleurs, toutes les similitudes avec des personnages réels (un certain Mick prêt à sympathiser avec le diable) sont totalement assumées. Le second degré et l’humour sont heureusement toujours là. Et certaines planches sont vraiment bien barrées. Le dépaysement est garanti.
Reste qu’on ne peut raisonnablement conseiller cette bande dessinée à un jeune public ou à un public réfractaire à l’absurde. Les fans, eux, je l’espère, apprécieront.