On vous a déjà parlé de ce manga, A Silent Voice, mais seulement des deux premiers tomes. Shoop ayant adoré, j’ai voulu goûter à cette histoire touchante et j’ai lu les 7 tomes que composent la série complète, presque d’une traite.
Yoshitoki Oima, le mangaka derrière cette série, nous parle d’un phénomène très répandu au Japon, le « ijime », qu’on peut traduire littéralement en français par « intimidation ». Mais ce phénomène va bien plus loin, on parle ici de jeunes écoliers, collégiens ou lycéens qui sont la cible des moqueries de leurs camarades. Au départ ça commence souvent par des blagues orales, puis viennent les mises en scènes pour finir par, carrément, pourrir la vie d’autrui. Si vous aimez les mangas, vous devez forcément avoir l’impression de connaître ce type de personnage, il y en a très souvent, un petit gros ou une grande moins jolie que la moyenne, et ils se font emmerder à longueur de temps. Ce phénomène est typiquement nippon, et cela peut conduire les enfants très loin, trop loin ! Car si vous ne faites pas partie de ceux qui se moquent, vous allez finir par devenir celui qui est moqué et finalement rejeté par la classe voire l’établissement entier. Le « ijime » est encore tabou au Japon, ce qui explique la frustration que ces jeunes pré-ados et ados peuvent ressentir quand les profs et parents ferment les yeux sur de tels agissements.
A Slient Voice parle donc de ce phénomène au travers des yeux d’un gamin, Shoya, turbulent et sans pitié avec les autres car il s’ennuie. Un jour il voit arriver l’occupation de ses journées, Shoko, une gamine qui intègre sa classe après avoir été victime de « ijime » dans plusieurs autres établissements au grand désarroi de sa mère, devenue très dure avec elle. Cette petite a un handicap, elle est sourde depuis la naissance, elle a donc besoin d’un support papier pour comprendre et se faire comprendre. Si au départ ses camarades l’aident, Shoya lui, est fasciné par son handicap, ce qui le pousse à lui faire des blagues sans arrêt. Mais au bout d’un moment, le garçon lassé du manque de réaction de la fille, va alors tomber dans l’extrême et pourrir la vie de Shoko, à tel point que toute la classe va la détester elle et l’aduler, lui…
Au travers des volumes suivant, Yoshitoki Oima veut aller plus loin et finalement le personnage principal se retrouve à son tour frappé de « ijime » ! C’est le point de départ du reste de la série. Quelques années plus tard, Shoya se retrouve carrément haïs par tout son lycée, il va alors penser au suicide mais va d’abord retrouver celle à qui il a fait du mal à l’école primaire. On va suivre la dépression, le raisonnement et surtout la remise en question de Shoya. Il va essayer de changer, va même tenter de réconcilier ses anciens camarades, le tout en restant totalement perdu sur ce qu’il recherche réellement.
L’histoire est intéressante, elle nous montre une facette du pays du soleil levant qu’on ne connait que très peu. Mais loin d’être une horreur de déprime, ce manga apporte à réfléchir et ne tombe presque jamais dans le cliché de base. Ses personnages sont très différents, ne s’entendent pas tous et leurs réactions ne sont pas prévisibles, bref, c’est réaliste sans être dramatique, ce qui est une excellente chose pour une histoire relatant ce genre de problème. Shoya, Shoko et tous les autres ne sont pas faciles à cerner, les réactions de la jeune sourde sont aussi difficiles à comprendre que celles des autres et c’est là que le mangaka frappe très fort. Il est capable d’exprimer des mots, des sentiments, au travers de cases dénuées de textes, les personnages communiquant en signant. L’émotion qui déborde de cette œuvre est bien réelle, palpable, on est envouté par Shoya cherchant la rédemption et Shoko cherchant sa place.
A Silent Voice est touchant, parfaitement bien écrit et même si l’histoire se cantonne à quelques personnages, les sensations offertes nous font monter les larmes, pour le meilleur ou pour le pire. Les dessins quant à eux sont maîtrisé, les décors toujours en adéquation avec les émotions du narrateur, on retrouve par exemple de grosses croix sur le visage de toutes les personnes qu’il a décidé d’ignorer, une idée géniale que l’auteur a utilisé avec justesse. Enfin, mention spéciale pour Shoko qui est absolument adorable sans être niaise, une fois encore, c’est assez rare pour être souligné.
Donc pour faire simple, A Silent Voice parle d’un phénomène connu au Japon avec des héros attachants et nous permettant de ressentir toutes sortes d’émotions. Un manga à lire sans hésiter.
Ce qu'il faut en retenir
Note
A Silent Voice est un manga comme on en voit peu. Touchant, drôle, tellement bien écrit et le dessin léger, parfois grave, nous donne envie de pleurer mais pas que de bonheur. Une série à lire.