J’ai mis un peu de temps à lire ce manga, je l’avoue. Non pas parce qu’il ne me tentait pas mais ayant des maladies chroniques handicapantes, j’appréhendais un peu cette lecture. Josée, le tigre et les poissons est disponible chez Delcourt dans la série MoonLight et il est en deux tomes. Il est tiré de l’anime du même nom et ici, on retrouve Seiko Tanabe pour l’histoire et Nao Emoto pour les dessins.
Josée, jeune paraplégique, vit recluse. Pour s’évader, elle n’a que la lecture et son admiration pour la mer. Tsuneo, étudiant fasciné par les fonds marins, rêve d’aller plonger au Mexique. Quand ce dernier est embauché pour s’occuper de Josée, leur relation est pour le moins glaciale. Mais les cœurs des deux personnages battent au même rythme, celui que les vagues imposent à quiconque les admire.
Depuis le temps qu’il était posé sur mon bureau, j’ai enfin eu le cran de le lire. Et me voilà plongé dans l’histoire de Josée et Tsunéo. Leur rencontre se fait au hasard, quand le jeune homme rentre dans Kumiko (Josée) et la renverse. La jeune fille vit chez sa grand-mère et elle est toujours accompagnée de celle-ci, qui la surprotège. Tsunéo se rend compte qu’il ne vit pas loin de chez elles et fait donc la route avec Josée et sa grand-mère. Cette dernière l’invite à venir manger chez elles, comme pour le remercier. Et lui proposera de travailler pour elle, pour tenir compagnie à Josée. Mais interdiction de sortir ! Il y a trop de mauvaises personnes dehors. Et il devrait obéir à la jeune fille.
Le jeune homme, bossant déjà beaucoup pour économiser pour ses rêves et ses études, va accepter et découvrir le caractère assez spécial de la jeune fille. En effet, celle-ci est plutôt dure, pas très agréable et assez agressive. Mais difficile de savoir pourquoi. Malgré tout, Tsunéo s’accroche. Leur relation est assez chaotique au départ mais un évènement va amorcer un certain changement. Et des quiproquos vont leur mettre des bâtons dans les roues, forcément.
Ce premier tome m’a beaucoup touché du fait qu’il parle de handicap. Je me suis reconnue dans Josée, même avec les (très) mauvais côtés que je comprends. Attention, je n’excuse pas son comportement mais la maladie et le handicap vous isolent très rapidement. Même entouré, on est seul face à la douleur et à la maladie. Et cela peut accentuer ce genre de réaction. On doit réapprendre à voir des gens, à leur faire confiance, à s’autoriser à vivre presque normalement. Ici, le handicap de Josée n’est pas au centre de l’histoire, c’est sa relation avec Tsunéo qui l’est. Et malgré les difficultés et la colère de la jeune fille, cela évolue. Ensemble, ils vont réussir à avancer, pas après pas, se découvrir des passions communes, bref se lier d’amitié malgré tout.
Ce premier tome a été une très belle lecture et m’a beaucoup touché. Que ce soit la difficulté de Josée à vivre les choses et à ne pas vraiment avoir de code sociaux ou la gentillesse de Tsunéo qui s’accroche malgré tout et garde ses rêves en ligne de mire. Les personnages secondaires ont leur importance sans empiéter sur l’intrigue principale. Quant aux dessins, ils sont beaux, légers, parfois poétiques, parfois très expressifs selon la séquence. On se laisse emporter par l’histoire et cette relation naissante avec en fond le handicap, traité avec pudeur et justesse. Et, forcément, beaucoup de passage m’ont énormément parlé et ému. Et une fois la lecture faite, on comprend pourquoi Josée, le tigre et les poissons.