Entre geeks, on a plutôt tendance à se serrer les coudes. Fatigués que nous sommes du phénomène de rejet qui a longtemps été le nôtre, moins aujourd’hui depuis que le geek est passé un temps dans le camps de la branchitude. Alors voilà qu’on nous contacte, ici à BacktotheGeek pour nous proposer de lire un livre. Et l’on répond que oui, on pourrait caser la lecture d’un roman français entre deux livres made in USA (oui on est élitiste, et pas trop chauvin niveau lecture). Il faut dire que je suis fan de Stephen King. Ce mec m’a aidé à passé une adolescence plutôt normale en couchant sur papier ses peurs et angoisses les plus folles. En dépeignant si justement les caractères les plus fourbes, qui affichent sans vergogne le visage de la normalité au yeux de notre société. Avec le King, on sait pertinemment que la réalité va tôt ou tard basculer dans la fiction, et que cette dernière se fera molester violemment par l’horreur, la folie, les extra-terrestres ou tous à la fois.
Bref, tout ça pour vous dire que j’ai grandi avec Stephen King dans mon sac à dos et MTV en fond sonore de 15 à 21 ans. Un background que l’on retrouve dans le roman de Hieronymus Donnovan, auteur français comme ne le laisse pas supposer son pseudo (pour l’explication c’est sur son site). Du coup, niveau identification, ça marche plutôt bien. La musique grunge, les jeux nintendo, les films de John Hugues sont des références qui me parlent. On avance en terrain connu en quelque sorte. Et c’est sans doute rassurant pour certains. En revanche, pour les newbies, cela peut vite devenir un frein. Du moins au début de l’aventure, où l’auteur plante le décor en insistant bien sur ces références 90’s. Un peu trop à mon goût. Mais il suffit de poursuivre la lecture pour se laisser distraire par les aventures de deux ados végétant dans un endroit paumé du ch’nord. Qui se préparent à passer un WE sans parents, et de folie tant qu’à faire. Enfin de folie geeks surtout avec marathon de VHS loué au vidéo club du loin. Parce qu’avant on payait pour voir un film.
L’écriture est fluide et agréable, assez directe et idéale même pour ceux que la lecture rebute. Ce qui ne doit pas être considéré comme un défaut, loin de là. Ensuite vient l’intrigue, plutôt bien amenée. Jusqu’à un certain point. La fin vient un peu trop vite, à mon goût en tout cas. Pour le reste, je conseillerais la lecture de Real TV aux nostalgique des années Headbanger’s Ball (copyright MTV;), et à ceux qui aiment les histoires d’ados mal embouchés qui vont devoir faire face à leur destin, sans concessions et sans happy ending. On suit d’ailleurs les réactions des divers protagonistes au fil de leurs pérégrinations, passant d’un personnage à l’autre sans perdre le fil de l’histoire.
Du coup, on la lance la comparaison avec le King ? Hé bien allons-y ! Déjà être comparé à Stephen King, c’est plutôt flatteur non ? Real TV joue-t-il dans la même cour ? Pas totalement. Il manque un zeste de folie pure pour pondre un Shining tout de même. Au moins, il essaie. Et pour un roman français c’est déjà pas mal non ? A noter au passage : Real TV a débuté comme un roman épistolaire sur le web. Avec un chapitre balancé à intervalle régulier. Après avoir remporté un certain succès en version numérique, il est dorénavant disponible en version papier.
Si vous voulez découvrir un peu plus l’univers de Hieronimus Donnovan, voyez son blog : ici.