Connaissez-vous Jacques Abeille ? Non ? Vous me direz, il n’y a pas si longtemps, moi non plus. Mais j’ai découvert cet été son livre “Les jardins statuaires”, l’histoire d’un voyageur qui s’aventure dans une contrée où les hommes, reclus dans de grands domaines, cultivent des statuts qui sortent du sol. Pourquoi vous parler de ce livre pour introduire le test d’Absolver ? Eh bien tout simplement parce qu’il y a dans l’ambiance qui se dégage du jeu – un monde oublié, des statuts perdues au milieu de ruines, des décors tout en mélancolie – quelque chose des jardins statuaires de Jacques Abeille. Je ne serais pas étonné que l’un des créateurs d’Absolver (développé par Sloclap, un studio parisien) ait lu certaines de ses oeuvres (Les mers perdues, par exemple). Petit tips : vous devriez !
Mais revenons à nos moutons, en l’occurrence à Absolver. Car si le titre propose une ambiance très particulière, poétique, n’allez pas croire qu’il s’agisse d’un jeu narratif. C’est tout le contraire : Absolver est un jeu de combat ! Mais d’un genre un peu particulier car votre héros s’y balade librement dans un monde ouvert découpé en petites zones (la forêt, les marais, le port, etc.) dans lesquelles il rencontre non seulement des PNJ, mais aussi d’autres joueurs. Avec ces derniers, il peut soit rentrer en combat (PvP) soit faire équipe pour vaincre les quelques boss disséminés ici ou là sur la map (PvE) et ainsi faire avancer ce qui ressemble à une campagne – en fait, une succession d’affrontements menant au statut “d’absolver”. La progression est volontairement floue, très peu de choses sont expliquées au joueur et à vrai dire, il n’y a aucun scénario. Au fond, il y a même peu de choses à faire dans Absolver, sinon enchaîner les combats pour faire progresser votre avatar. Tout l’intérêt du jeu est là. Amateurs de défis à gogo, passez votre chemin.
En fait, Absolver est un jeu sur l’apprentissage du combat. Apprentissage de ses propres possibilités, avec des coups à placer selon quatre postures qui modifient les enchaînements de base (propres à chaque classe), sans oublier les esquives, les contres et la gestion du timing. Apprentissage sur la durée avec des combos que l’on crée soi-même dans une interface très complète… et aussi un poil complexe. Apprentissage des autres combattants, aussi et surtout, avec un système qui veut que chaque coup paré ou riposté soit appris et intégré à son “deck de combat”. Apprentissage aux autres, enfin, puisqu’il est même possible, à terme, de devenir un “mentor”, c’est-à-dire de fonder sa propre école de combat pour transmettre ses techniques aux autres joueurs. Pas mal, non ?
Oui, pas mal. Mieux que ça même ! Absolver est un bon jeu, unique dans sa proposition tant sur la forme (la direction artistique, l’ambiance zen, le combat en monde ouvert) que sur le fond. Comme tout ne peut pas être parfait, il subsiste tout de même quelques défauts : outre le contenu vraiment maigre – qui pourra être gonflé à coups de DLC – on note une propension assez relou à multiplier les combats inégaux (1vs3, par exemple) alors que le gameplay est pensé pour du duel. Une certaine imprécision en résulte, dommage. La gestion approximative du décor entraîne pas mal de bugs, admettons. Et puis l’intérêt du jeu dépend beaucoup des joueurs que l’on croise, ce qui reste aléatoire. Enfin, dans sa difficulté finale, sa complexité et sa marge de progression très importante, Absolver ne peut être recommandé qu’aux puristes du combat, à ceux dont le plaisir est de s’entraîner encore et encore. Ou aux fans de Jacques Abeille.
Ce qu’il faut en retenir
Note
Difficile de recommander Absolver de but en blanc. Le titre de Sloclap est très particulier, centré sur l'apprentissage du combat plus que les fights eux-mêmes, et avec une austérité dans le style et le contenu qui pourra en refroidir certains. Mais la proposition est tellement originale, la progression tellement riche et l'ambiance tellement prenante que nous, on adhère. Mais vous êtes prévenus.