Hellblade : Senua’s Sacrifice – Test vidéo sur PS4

Il fallait oser, sortir un jeu d’aventures au gameplay relativement limité, comme ça, en plein été. Pourtant les développeurs de chez Ninja Theory l’ont voulu ainsi, ce titre si particulier, cette aventure au cœur de la mythologie nordique où le scénario prend une place prépondérante. Hellblade c’est l’histoire de Senua, une picte qui a vu son village ravagé par des vikings, les nordiques, et qui doit amener le crâne de son bien-aimé dans les terres brumeuses de Hel pour que son âme trouve la paix. Mais ça, c’est sur le papier, la réalité, enfin celle que Ninja Theory veut bien nous montrer, est plus dur, plus glauque encore. Car Senua n’est pas comme tout le monde, elle a des visions, elle entend des voix aussi, comme sa mère avant elle. C’est cette dernière qui lui disait qu’elle avait un don d’ailleurs, celui de voir ce que les autres ne pouvaient comprendre, mais son père lui, n’était pas de cet avis et la traitait en paria. Enfermée une bonne partie de sa vie pour combattre ce qu’elle a fini par admettre comme étant les « ténèbres », Senua va devoir aller les battre en face à face pour le bien son être aimé. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle est atteinte de psychoses, et c’est finalement de ça que traite Hellblade. Une œuvre incroyable, incomparable, à ne pas rater.

L’œuvre de Ninja Theory se veut accessible, l’aventure est au cœur du jeu donc on passe une bonne partie de son temps à marcher en profitant des décors somptueux. Des énigmes sont éparpillées pour nous faire avancer dans l’histoire et dans l’esprit de l’héroïne. Les scènes plus dérangeantes les unes que les autres se succèdent mais loin de nous laisser sur le bord, simple spectateur d’évènements perturbants qu’on ne peut comprendre, on nous montre, du doigt, ce que ça peut signifier. La narration est tellement maîtrisée que jamais on ne se sent perdu, comme beaucoup de jeux qui nous ont fait explorer les rêves et les cauchemars des protagonistes, non ici la mise en scène propulse le joueur dans une immersion totale, en phase complète avec l’héroïne. Dès le début du jeu, comme vous pourrez le voir dans notre vidéo ci-dessous, on nous le dit, on est une voix parmi d’autres dans la tête de Senua. Puis viennent les combats, plus durs qu’on aurait pu le penser, c’est peut-être d’ailleurs la véritable faiblesse du jeu, car ceux qui voudraient profiter de cette histoire auraient aimé une version ultra facile pour uniquement avancer dans le scénario. Mais le gameplay est juste, précis, on enchaîne donc les combats après avoir compris que le tempo est primordial.

Et la direction artistique ? Le jeu d’actrice ? La mise en scène, la bande originale, les effets de caméra… Que dire de tout ça ? C’est parfait, les voix aussi, qui parlent souvent, parfois sans arrêt, les dialogues très présents ou bien la musique en adéquation parfaite avec le moment. Sans l’ombre d’un doute Ninja Theory a énormément travaillé son jeu, dans l’ambiance évidement mais aussi sur leur thème : la psychose. On est prévenu dès le départ, il est question ici de nous faire entrapercevoir ce que ressentent les gens atteints de ce genre de maladie. Entendre des voix, avoir des hallucinations, ce ne sont pas des choses faciles à imaginer, à comprendre, c’est en ça que Hellblade est une œuvre majeure. Loin d’utiliser la mise en scène juste pour en mettre plein la vue, les développeurs ont retranscrit l’absolue horreur de vivre ce genre de choses au quotidien, quand notre réalité, altérée, devient notre monde, notre univers, un univers glauque et sans pitié où même la mort ne semble pas une délivrance. Ils ont travaillé avec des spécialistes et des personnes atteintes de ces maladies pour essayer de mettre à jour ces problèmes qui sont encore incompris et très mal traités dans le monde, et rien que pour ça, on peut leur tirer notre chapeau.

Hellblade n’est pas un jeu exempt de défauts, beaucoup n’apprécieront pas le gameplay limité et d’autres ne comprendront pas qu’il n’y ait pas de dénouement digne d’une série américaine. Mais l’âme du jeu réside dans l’esprit de Senua, perturbé, presque incompréhensible, pourtant c’est sa réalité et elle devient la nôtre pendant une dizaine d’heures, il suffit de lancer le jeu pour se laisser happer.

 

Test vidéo de Hellblade : Senua’s Sacrifice

 

Vidéo cinématique de Hellblade (sans spoil)