Drôle de jeu, La Terre du Milieu : L’Ombre de la guerre. Comme ça, de prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit d’un jeu d’action en open-world lambda, aux mécaniques déjà vues partout avec juste la petite couche “Seigneur des Anneaux” pour en vendre une tripotée aux fans de la saga. Un titre facile, sans surprise, conçu pour plaire au plus grand nombre. C’est un peu vrai : le background du SdA donne un souffle épique au jeu et apporte quelques repères (Gollum, Sauron, etc.), même si Monolith Productions et Warner ont pris de grosses libertés avec le “lore” de la saga. Mais c’est surtout très faux ! L’Ombre de la guerre, comme son aîné L’Ombre du Mordor en 2014, ne fait rien pour brosser les joueurs dans le sens du poil. Drôle de jeu…
Franchement, les premières heures ne sont pas loin d’être un calvaire. Vous me direz pour vous, mais moi je n’ai rien compris au scénario : le héros Talion et son double elfique Celebrimbor forgent un nouvel anneau pour détruire Sauron, mais ces deux couillons donnent l’anneau à Arachne pour finalement vouloir lui reprendre deux minutes plus tard (scoop : elle n’est pas d’accord), avant de se ruer à Minas Ithil pour défendre la cité et mettre la main sur un Palantir. Ok bah si vous le dites les mecs, on vous suit ! Tout ça manque de fluidité, de simplicité et de clarté, comme l’ensemble du jeu d’ailleurs : les très nombreuses quêtes se bousculent dans tous les sens, la map se remplit d’objectifs mal expliqués, les possibilités offertes par l’inventaire sont à la limite de l’illisible (les compétences sur fond noir, la destruction et personnalisation par les gemmes, etc.), c’est un bazar pas possible ! Et comme le jeu est plutôt difficile – mention spéciale aux boss qui viennent nous démonter la tronche à trois ou quatre, comme dans le premier – c’est peu dire qu’il faut s’accrocher pour s’éclater avec L’Ombre de la guerre.
Et c’est dommage, car une fois endurés les premiers moments, le titre révèle son potentiel grâce au système Nemesis, repris du premier volet et amélioré. Nemesis, c’est l’idée selon laquelle les orcs d’en face ont leur vie propre : jalousies, trahisons, rivalités et meurtres, ils ne s’épargnent rien et le joueur peut influencer ces luttes internes pour en tirer profit. Et comme dans L’Ombre de la guerre il va aussi s’agir de monter sa propre armée en “recrutant” des boss adverses, tout l’intérêt consiste à jongler entre éliminations et retournements pour avancer le mieux possible et mener de main de maître les phases de siège, ces séquences durant lesquelles Talion et son armée – à moins que vous y alliez seul, à l’ancienne – vont prendre d’assaut une forteresse ennemie jusqu’à faire tomber son chef. Ils sont là, les atouts de L’Ombre de la guerre : dans les sièges (épiques !) et dans l’exploitation du Nemesis, qui offre des possibilités variées et la certitude qu’aucune partie ne ressemble à la précédente. Même la mort change tout : si vous mourez sous les coups d’un orc, celui-ci sera promu… et fera ainsi une cible de choix !
Dommage que Monolith présente les choses de manière si maladroite et veuille à tout prix remplir son titre jusqu’à l’overdose car avec un peu plus de clarté et un gameplay recentré sur ses mécaniques fondamentales, L’Ombre de la guerre ferait un excellent titre. D’autant que la réalisation graphique a été améliorée, les décors sont plus variés. La durée de vie est au rendez-vous. Et surtout, la sensation de vivre une aventure unique est très agréable. Mais pour la vivre, il faut insister.
Ce qu’il faut en retenir
Note
Il faut s'accrocher pour prendre son pied avec La Terre du Milieu : L'Ombre de la guerre. Le début est laborieux, qu'il s'agisse du scénario ou des (trop) nombreuses mécaniques de jeu. Mais une fois apprivoisé, il révèle une aventure dense et d'autant plus attachante qu'elle est unique, Nemesis oblige. Mais trop d'approximations et une gestion de la difficulté mal dosée en font un jeu vidéo réservé aux joueurs chevronnés.